Producteurs de spectacles : les bénéfices inattendus de la formation logicielle
Comment constituer une culture professionnelle commune ?
Si je souhaite travailler dans la coiffure, l’informatique ou la communication, je vais acquérir connaissances et compétences via quelques années d’études, des stages en entreprise et l’obtention d’un diplôme. Pour les métiers de la prod de spectacles, rien de tel. Les cursus de formation professionnalisante sont rares et n’excèdent pas quelques mois : Les Formations d’Issoudun, depuis toujours, et plus récemment Illusion& Macadam à Montpellier ou la Licence APAMA de l’université de Lorraine. Elles forment 60 professionnels par an, dont une grande partie continuera sur des projets personnels. Trop peu, donc, pour répondre aux besoins des entreprises. En matière de formations courtes, l’IRMA, Trempolino et quelques centres régionaux de musiques actuelles proposent des sessions de 2 à 5 jours qui offrent aux stagiaires une sensibilisation aux métiers du booking, de la prod et de l’administration. Sur cette durée, elles visent plus à valider une orientation qu’à créer des professionnels opérationnels. Et dès lors qu’ils sont en poste, les professionnels ont très peu recours à la formation. Tous secteurs confondus, seuls 7% des salarié·es, intermittent·es et régime général, font appel à la formation professionnelle.
Quant aux entreprises de production, lieu naturel de la formation professionnelle, elles se sont souvent historiquement construites sur des organisations empiriques, artisanales. Certes, le turn over, important dans le secteur, favorise une harmonisation minimum des pratiques professionnelles, mais il rend difficile la constitution d’une méthodologie d’entreprise complète, pleinement opérationnelle et évolutive dans la durée.
Travailler sur les bonnes pratiques, favoriser la collaboration…
Pour les structures de plus de 2 ou 3 personnes , vient alors le choix d’un outil collaboratif, et la formation des équipes. L’idée est bien sûr que les utilisateur·ices naviguent de manière fluide dans l’application et qu’ils acquièrent les bons réflexes pour créer rapidement des contacts, poser des dates, éditer contrats et factures, programmer des campagnes d’eMailing, générer des écritures comptables…
Mais au delà de cette connaissance technique, la manière d’utiliser l’outil sera le reflet des activités, des contraintes, du mode d’organisation et de la circulation d’information propres à l’entreprise. Et la formation va amener à poser des questions très concrètes dont les réponses permettent de mettre au clair un fonctionnement d’équipe :
Comment taguer tel type de salle ? Qu’est-ce qu’une date en option ? Que déclenche la validation d’une date ? Avec quels critères identifier la cible de tel spectacle ?
Autant de questions dont les réponses sont bizarrement différentes au sein d’une même organisation. Là, pas le choix : hors de tout débat théorique, il est nécessaire de trouver des réponses pragmatiques et communes.
Et d’autres encore : si un contrat se rédige maintenant en quelques secondes, qui du bookeur et de l’admin va pouvoir / devoir s’en charger ?
Si le ciblage des e-mailings est maintenant possible, comment la bookeuse et le responsable de com vont-ils se répartir les tâches ?
La formation sur l’outil va donc fabriquer du commun au sein de l’entreprise : vocabulaire, pratiques, passation d’information, besoins de chacun…
… et les échanges de pair à pair
Les chargé·es de diffusion indépendant·es, les compagnies, les structures émergentes, participent elles à des sessions inter-entreprises.
Ces sessions offrent un espace unique d’échange sur les pratiques des participants, comparables aux listes de diffusion thématiques (C1metier, pour les chargé·es de diff, C1autremétier pour les admins) ou aux groupes de discussion informels montés dans certaines régions.
En élaborant son utilisation de l’outil, chacun s’enrichit de l’expérience et des “trucs de métier” de l’autre, même et surtout s’ils évoluent dans des univers très différents : rap, jeune public, danse contemporaine. Là aussi, aucune théorie, mais des échanges d’expériences sur des situations concrètes, qui permettront de donner un sens à l’utilisation de telle ou telle fonctionnalité de l’outil.
Loin d’être restreinte à une acquisition de compétences techniques, évidemment indispensables, la formation sur l’outil aborde des thèmes structurants pour l’activité des participant·es. Elle permet donc de fluidifier le système d’information de l’entreprise, d’apporter plus de clarté et d’efficacité dans son fonctionnement, de s’inspirer des bonnes pratiques professionnelles développées par d’autres. De l’aveu des participant·es, ces moments sont précieux. Ce sont les bénéfices inattendus de la formation. Ils ne figurent pas dans les programmes et sont à réinventer pour chacun des groupes. La formatrice est très attentive à favoriser cette dynamique.
En 2020, comme les années précédentes, Bob el Web a organisé près de 200 jours de formation sur Bob Booking, auprès de 120 professionnels issus de 50 structures. Elles représentent tous les métiers et tous les types d’entreprises de la production de spectacles. Plusieurs formats de formation répondent à la diversité des besoins et des situations : sessions inter-entreprises, intra-entreprise ou mutualisées, en prise en main initiale ou en perfectionnement.